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INTERVIEWS

A propos de "La Dame Rouge"

Pourquoi ce roman ?

Un jour, les hasards de la vie m’ont amené à Pashupatinath, le site de crémation de la ville de Katmandu. C’était mon premier contact avec le Népal, mon premier contact avec le sous-continent indien. Mon premier contact avec la manière orientale d’aborder la mort. J’ai vu un fils endeuillé raser son crâne, s’habiller de blanc et mettre le feu au brasier qui emportait sa mère. Je l’ai vu, au bout d’un moment, repousser dans le feu une jambe qui n’avait pas brulé. Cette image extraordinairement choquante m’a bouleversé, remettant en question toutes mes croyances, tous mes acquis. Elle a été le déclencheur d’une longue réflexion, d’une quête de connaissance qui m’a fait voyager plusieurs fois d’un bout à l’autre de l’Inde à la rencontre de… de quoi, exactement ? D’une culture, d’un regard, d’un mystère. Ce mystère, c’est la vie. C’est la mort. C’est le chemin étroit qui mène de l’une à l’autre et inversement. Un chemin que j’ai eu à cœur d’emprunter, des années plus tard, pour écrire LA DAME ROUGE. Dans l’espoir d’apporter, modestement, une lumière aux autres. L’Inde, je l’ai parcourue à pied, en voiture, à vélo, en train et à dos d’éléphant. J’en ai ramené des images incroyables, des couleurs, des parfums, des sourires et des souvenirs que j’ai pris soin de transposer dans mon roman. Pour embarquer les lecteurs/lectrices au plus près de ma perception, de mes aventures. Pour les accompagner sur le chemin et leur ouvrir la porte. Si seulement mon roman pouvait rapprocher nos deux cultures, nos deux visions, et contribuer à endiguer le chagrin de ceux qui restent, j’aurai le sentiment d’avoir accompli mon humble mission.

Pourquoi ce titre
"La Dame Rouge"?

Lors d’un de mes voyages en Inde, je me souviens d’une image qui m’a marquée. D’une couleur parmi tant d’autres : le rouge. J’étais en voiture sur une route en lacets qui grimpait à travers une végétation clairsemée. Devant moi, une moto que pilotait un homme. A l’arrière, une jeune femme enveloppée dans un sari rouge éclatant, assise en amazone, sans casque. A la place, elle tenait une ombrelle, rouge également, pour se protéger du soleil. Un instant, je la voyais devant moi. L’instant suivant, les lacets de la route la faisaient disparaître, pour mieux réapparaître comme par magie quelques secondes plus tard. Ce spectacle m’a fasciné, à cause de cette couleur magnifique qui marquait le voyage d’une incroyable poésie. Je crois que ce jour-là je suis tombé amoureux de l’Inde. Une Inde loin de tous les clichés qu’on véhicule sur elle. Et quand est arrivé le moment de trouver un titre pour le roman, tout naturellement j’ai revu cette femme, qui pour moi ouvrait la route de l’Inde à Leela, mon personnage. A l’Occident. Elle me montrait le chemin qui peut nous relier par-delà les cultures et les frontières. Si bien que la dame rouge est devenue un personnage du récit, un personnage bien particulier. Le cœur même du mystère qui entoure le roman.

Pourquoi le choix du nom indien Leela Singh ?

LA DAME ROUGE, c’est l’histoire d’une jeune femme qui cherche son père, un père manquant, égaré, perdu, qu’elle n’a jamais connu et qui lui manque terriblement. Sans son père, elle s’est construite à moitié mais avec la certitude d’être bien ancrée sur ses deux pieds. Jusqu’à ce que sa mère décède. Alors seulement, elle prend conscience qu’elle a passé toute sa vie sur une seule jambe. Cette histoire, c’est, par certains aspects, l’histoire de ma vie. Pourtant mon père était bien présent, bien vivant, lui, mais nous n’avons pas su nous trouver. Nous sommes nombreux à avoir vécu la même histoire. C’est peut-être générationnel. Mon père était là, il m’aimait, et pourtant, d’une façon subtile, il m’a manqué toute ma vie. Je l’ai cherché partout lorsqu’il était sous mes yeux, et faute d’avoir su lui-même trouver les mots pour me dire ce qu’il ressentait, il s’est tu, tout simplement, et n’a pas cherché à combler le vide qu’il ressentait aussi. A franchir la distance… Trouver les mots, j’en ai fait mon métier. Ma vie. Je raconte des histoires pour mieux raconter la mienne. Car si j’ai écrit ce roman, c’est plus ou moins consciemment pour parler à mon père. Sans espoir de résoudre le problème mais avec celui d’y trouver l’apaisement. Etait-ce une prescience ? Peu après que je sois parvenu à la fin, mon père est décédé. Mais avant sa mort, il m’a souri comme jamais et il m’a ouvert les bras.

Du coup le choix du nom indien de Leela Singh est complètement inconscient, mais j'ai compris plus tard à quel point il était signifiant. Le mot hindi "Singh" se traduit par "lion" en français, phonétiquement c'est mon propre nom. Leela, c'est une version de moi. Une personne en quête, à la recherche de son père.

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